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30 novembre 1979 5 30 /11 /novembre /1979 11:36

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Suite de la traduction de l'interview présentant The Wall par Waters au SJ Tommy Vance...

-Diffusion de EMPTY SPACES

-Diffusion de YOUNG LUST

 

Waters : Je pense que c’est super, j’aime cette liaison qui est dedans, je pense qu’elle est magnifique.

 

Vance : Vient ensuite One of my Turns...

Waters : Oui, l’idée est que nous faisons un saut il y a quelques années, de Goodbye Blue Sky jusqu’à What shall we do now? qui n’existe plus sur le disque. Et de Empty Spaces vers Young Lust .. c’est comme un "show", nous tombons dans un "show" de Rock and roll quelkque part dans la carrière de notre héros. One of my Turns est supposé être une réponse à un paquet d’aggressions qu’il subit dans sa vie et au fait de ne jamais avoir partagé quelque chose avec quelqu’un. Bien qu’il soit marié, ils n’ont rien partagé ensemble et il a eu ... il vient juste de se séparer de sa femme et en réponse il ramène une autre fille dans sa chambre d’hôtel.

 

Vance : Et il est dans le cas du "j’ai tout, mais en fait je n’ai rien".

Waters : Il a tout maintenant, il est définitvement un "Yippee" maintenant et One of my Turnsc’est juste lui qui rentre chez lui mais qui ne peut pas communiquer avec l’autre fille ? C’est pourquoi il allume la TV , elle commence à lui parler de toutes les choses qu’il possède mais tout ce qu’il fait c’est d’allumer la TV et d’être assis-là. Il ne veut pas lui parler.

 

Vance : Puis vient une période avec Don’t Leave me now où il réalise l’état dans lequel il est, il se sent toujours, si vous voulez, aggressif, complètement déprimé, paranoïaque à fond et très seul, seul au point de se suicider

Waters : Ouais et bien pas vraiment... mais oui, c’est une chanson très déprimante. Je l’adore! Je l’aime vraiment!

 

Vance : Il y a une phrase dans la chanson : "Pour te réduire en bouillie un samedi soir" [ "to beat you to a pulp on a Saturday Night"]

Waters : Oui

 

Vance : Je ne sais pas comment prendre la phrase mais cela concerne les profondeurs privées de la dépravation.

Waters : Un certain nombre d’hommes et de femmes sont ensemble pour de mauvaises raisons, ils deviennent alors très agressifs l’un envers l’autre et se font mutuellement beaucoup de mal. Je n’ai bien sûr, aussi loin que je puisse me rappeler, jamais battu une femme Tommy et j’espère  que je ne le ferais jamais mais un certain nombre de personnes le font, et beaucoup de femmes battent les hommes aussi. Il y a souvent de la violence dans les relations qui ne fonctionnent pas. Je veux dire que c’est évidemment une chanson extrèmement cynique. Maintenant, je ne pense pas cela du mariage.

 

Vance : Mais tu l’as déjà pensé ?

Waters : Euh ... c’est une de ces choses difficiles qui font partie du petit pourcentage d’éléments qui peuvent être considérés comme autobiographique ... et tout cela est enraciné dans ma propre expérience.*

* Noter le sens de la métalepse souvent utilisée par Waters pour faire penser à l’autre plus qu’il n’en dit lui-même!

 

Vance : Mais il y aussi quelques vérités fondamentales là-dedans.

Waters : Je l’espère, si tu regardes et vois des choses qui sonnent vraies alors effectivement. Si tu es intéréssé par écrire des chansons,des livres, des poèmes ou par écrire n’importe quoi, alors ce sont des choses que tu essayes de coucher sur le papier... car ce sont des choses qui sont intéressantes, ce sont des choses qui touchent les autres personnes pour lesquelles c’est écrit tu sais.

Certaines personnes ont un besoin d’écrire sur leurs propres sentiments dans l’espoir que d’autres gens s’y reconnaissent et en retirent de la satisfaction. S’il y a un sentiment de parenté, si cela les rend heureux ou quoique ce soit d’autre, ils en tireront de la satisfaction.

 

-Diffusion de DON'T LEAVE ME NOW

-Diffusion de ANOTHER BRICK IN THE WALL (Part 3) -

 

Vance : Another Brick in the Wall (part 3) ; «Je n’ai pas besoin de bras autour de moi» [«I don’t need no Arms around me»] : il semble qu’il arrivé dans une position où il n’est plus en proie au doute ; en d’autres termes, où il devient plus confiant.  Ensuite, il y a Goodbye Cruel World. Que se passe t-il à ce moment-là ?

Waters : Ce qui se passe est qu’au début de One of my Turns la porte s’ouvre. Ici, à la fin de la face B le scenario le situe dans une chambre d’hôtel américaine :  la groupie le quitte à la fin de One of my turns et, dans Don’t leave me now, il chante qu’il a besoin de quelqu’un, cela ne signifie pas elle ou sa femme, cela peut être n’importe qui. Si tu préféres cela concerne  une sorte d’homme ou de femme qui ont ce type de sentiment. C’est en réalité une chanson très culpabilisatrice.

Bref, à la fin de celle-ci, il est là dans sa chambre avec sa télévision puis il y a cette symbolique consistant à briser la télévision. Il se ressaisit alors grâce à toute cette violence et chante avec force : «vous n’êtes tous que des briques dans le mur» [ « all you are just bricks in the wall»]. 

«Je n’ai besoin de personne», il cherche à se convaincre lui-même que son isolement est une chose voulue, c’est tout.

 

Vance : Mais comment est-il au moment où il dit «Adieu, monde cruel» [«Goodbye Cruel World»] ?

Waters : C’est lui qui devient si tu veux "catatonique"; il en est au stade final, il se retourne et se recroqueville sur lui-même puis ne va plus bouger. Ca y est, il en a assez, c’est fini.

 

-Diffusion de GOODBYE CRUEL WORLD-

 

Waters : Dans le "show" nous avons travaillé sur un système mécanique très intelligent qui permet de complèter la section centrale du mur en le construisant à partir d’en bas ce qui permet de laisser une sorte de trou en forme triangulaire que nous pouvons remplir petit à petit.

Plutôt que de remplir par le haut, nous allons le compléter par ce petit trou à sa base. La dernière brique sera posée au moment de chanter «goodbye» à la fin de la chanson (...).

 

Vance : Donc, est-il exact de dire qu’à ce moment précis il a découvert exactement où il est* ; le mur est complet, ou en d’autres termes, sa personnalité s’est construite grâce à toutes les expériences qu’il a vécu, qui se sont imprimées en lui.

Waters : Il est nulle part.**

* Il semble y avoir un double sens au sein de la phrase «he's discovered exactly where he's at » entre l’endroit où il se situe et où il en est avec lui-même.

T.Vance semble mettre en parallèle le symbolisme que représente la construction du mur avec l’évolution mentale du personnage central. C’est difficile de l’exprimer en français sans être redondant

** Si l’on suit le sens de l’intervention de Waters (cf.infra), cela signifie alors qu’il est perdu, qu’il ne sait plus où il en est.

 

Vance : Nous voilà au début de la face 3, qui démarre avec une chanson différente de  celle indiquée sur la pochette.

Waters : Oui. Bob Ezrin m’a appelé et m’a dit qu’il venait juste d’écouter la troisième face et que cela n’allait pas. En fait, je pense que je ne me sentais pas à l’aise avec çà. J’y ai réfléchi quelques minutes et j’ai réalisé que Hey You pouvait conceptuellement aller ailleurs et que ce serait mieux pour cette face si nous la mettions au début et que nous "sandwichions" le milieu de la scène (assez théatrale) du mec dans sa chambre d’hôtel avec sa tentative de rétablir le contact avec le monde extérieur (ce qu’est Hey You ) à la fin de la face.

C’est pour cette raison que ces paroles ont été imprimé au mauvais endroit car cette décision a été prise très tardivement ; je dois expliquer à ce propos que la raison pour laquelle ces décisions sont intervenues tardivement était que nous avions il y a longtemps promis à un paquet de gens que nous finirions ce disque au début du mois de novembre et que nous voulions tenir cette promesse.

*«sandwiched».

 

Vance : Maintenant, le gars est désormais derrière le mur.

Waters : Oui il est derrière le mur a). symboliquement et b). il est enfermé dans une chambre d’hôtel avec cette fenêtre brisée qui donne sur une autoroute.

 

Vance : Et maintenant comment cela se passe-t-il dans sa vie?*

Waters : Bien, dans son esprit,  Parce que Hey You est une larme envoyée au reste du monde... tu sais le fait de dire : «hé, c’est pas vrai».

Mais elle adopte également un point de vue narratif ... Dave chante les deux premières lignes puis il y a un passage instrumental et ensuite un bout qui fait «mais c’est seulement un rêve» [« but it was only fantasy »] que je chante qui raconte ce qui se passe «le mur était trop haut comme tu peux le voir, peu  importe ce qu’il tente, il ne pourra s’en libérer, et les vers ronge son cerveau» [« the wall was too high as you can see, no matter how he tried he could not break free, and the worms ate into his brain»].

Les vers. C’est la première référence aux vers... les vers font référence à un morceau que j’ai fait il y a un an; il y a un an, c’etait une part importante du truc, c’est ma représentation symbolique de la décadence. Car l’idée fondamentale de tout le truc est que tu t’isoles toi-même dans ta propre décrépitude.

* Difficile à traduire car la phrase originale : «And now what's he going to do with his life » signifie littéralement « et maintenant qu’est-il en train de faire de sa vie ?». Mais j’ai préféré néanmoins retenir cette première traduction car elle colle mieux avec la réponse de Waters.

 

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